Cet article est sponsorisé par la Galerie Cheriff Tabet

“Quand j’étais petit mon frère était mon idole. C’était le petit génie de la famille. A huit ans déjà il illustrait des livres pour enfants. Je l’admirais tellement. Je rêvais de marcher sur ses pas. Mais je n’imaginais pas en être capable. J’étais un enfant assez vulnérable, maigrichon.

Alors je dessinais en cachette, souvent des super héros. J’étais fasciné par le monde fantastique de Jérôme Bosch. Je dessinais une réalité qui me rendait plus fort, où j’étais moins fragile. En grandissant, j’ai commencé à utiliser l’humour pour amuser la galerie et m’intégrer. En première je faisais des caricatures de mes profs.  Quand mon frère est parti faire les Beaux Arts à Paris, j’ai décidé que c’était mon tour de m’exprimer.

Avec des copains, on a commencé à taguer les murs de la ville. C’était la fin de la guerre, Beyrouth était en ruine et on voulait égayer un peu tout ça. C’est là où je me suis rendu compte de l’impact que nos dessins pouvaient avoir, car pour la première fois, il étaient visibles de tous.

Pendant mes études d’architecture à l’Alba j’ai réalisé que je voulais faire de la peinture mon métier. Car je voulais m’exprimer sans contrainte, pour mettre la lumière sur des réalités que je trouve absurdes et que j’aimerais que les Libanais remettent en question.

Qu’on m’explique par exemple pourquoi sur toutes les chaînes locales aucune fille n’a des sourcils normaux?

C’est l’idée de mon exposition “Ouga Ouga!” dans laquelle je montre et tourne en dérision toute cette superficialité, ces insécurités et complexes qui sommeillent en chacun de nous malgré les apparences. A défaut de pouvoir changer le ridicule de notre réalité pourquoi ne pas au moins en rire?”

Benoît Debbane, 45 ans inaugure « Ouga Ouga! » à la galerie Cheriff Tabet  à Bourj Hammoud le 11 juin.