Leen a 21 ans et souffre d’anxiété généralisée, de crises d’angoisse et de dépression. Ces épreuves elle les a transformées en force. Elle a décidé de dédier sa vie à améliorer le système de santé mentale au Liban et même au Moyen-Orient en introduisant la thérapie par la danse. C’est son secret à elle pour se sentir mieux. Voici son histoire :

“J’ai eu ma première crise de panique à l’âge de 15 ans. J’étais dans mon lit en train d’étudier quand d’un coup j’ai senti mon coeur s’emballer, je n’arrivais plus à respirer, je ressentais cette douleur immense, comme si je faisais une crise cardiaque. Je sentais que mon cerveau était éteint, que j’étais hors de mon corps, j’ai cru que j’étais en train de mourir. Mes parents ont surgi dans ma chambre en m’entendant hurler et m’ont tout de suite amenée à l’hôpital. A ce moment-là, les médecins ont cru que c’était de l’asthme. Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai compris de quoi je souffrais réellement : d’anxiété généralisée, de crises d’angoisse et de crises de panique. Après cette première crise à l’âge de 15 ans, j’ai commencé à en faire d’autres régulièrement et à peu à peu perdre le contrôle de ma vie.

Pendant longtemps, je n’ai jamais connu le bonheur

Heureusement, j’ai découvert la psychologie à l’université. C’était en fait par hasard. A l’époque, ce que je voulais faire c’était médecine et la psychologie était une matière obligatoire. Finalement, j’ai découvert que c’était ma passion.

Un jour, pendant le chapitre sur les troubles mentaux, j’ai commencé à me reconnaître dans l’anxiété généralisée et les crises de panique. Je suis allée voir ma professeure et je lui ai confié ce que je ressentais. Comment je stressais pour des choses auxquelles les gens “normaux” ne prêteraient même pas attention. Comment des pensées “stupides” prenaient le contrôle de mon cerveau sans que je ne puisse rien y faire. Comment dans ma tête, des petites choses prennent des dimensions disproportionnées. Par exemple, si je devais me rendre à l’université, je commençais à me demander comment j’allais y aller, si je conduisais, si mon père m’y amènenait, et si l’on fait un accident de voiture, si je perdais mes jambes dans cet accident et que je ne pouvais plus jamais danser alors que danser est ma passion? C’est durant ce cours que j’ai compris que j’avais besoin d’aide.

Ma professeure m’a écoutée. C’était la première fois de ma vie que je me suis sentie comprise et acceptée.

“Au début, même moi j’avais du mal à accepter la thérapie, je pensais que c’était pour les fous”

Une semaine après ce cours, pendant que je conduisais, j’ai fais une énorme crise de panique, je me suis directement rendue au centre d’aide de l’AUB (Université américaine de Beyrouth) où j’ai demandé à voir un psychologue. Et c’est comme ca que j’ai commencé une thérapie.

Au début, je n’ai rien dit à mes parents, je ne voulais pas qu’ils sachent, je pensais qu’ils ne comprendraient pas. J’ai tout caché. Après tout, même pour moi au début c’était dur d’admettre qu’il me fallait une thérapie. Avant que je ne découvre la psychologie à l’université, je pensais que pour que quelqu’un aille chez un psy, cela voulait dire qu’il était fou. Je n’avais aucune idée de ce qu’était la santé mentale, les TOCs, la dépression… Si seulement les gens connaissaient un peu plus le sujet, et à quel point la santé mentale est importante les choses seraient tellement différentes !

Avant ma thérapie, je n’avais jamais connu le bonheur, je n’avais jamais été heureuse. J’étais soit complètement déprimée soit complètement engourdie. Quand j’ai vu l’effort que mon psychologue mettait à essayer de m’aider, j’ai commencé à penser qu’il y avait un espoir. J’ai commencé à ressentir un nouveau sentiment, je dirais que c’était le bonheur car c’était la première fois que quelqu’un essayait de me traiter sans me juger. Personne ne m’avait jamais écoutée comme il l’a fait et personne ne m’avait aidée à me connaître et découvrir mon potentiel et ma valeur. En fait, ce que je voulais désespérément c’était être aimée et acceptée.

Mes parents ont découvert que je voyais un psychologue et que j’étais sous médicaments une fois seulement que j’ai été internée en avril 2016. J’avais dû être amenée aux urgences pour quelque chose que je m’étais fait mais dont je ne veux pas parler. Quand ils m’ont vue à l’hôpital , ils m’ont dit qu’ils s’en foutaient que j’étais sous médicaments, que je voyais un psychologue, tout ce qu’ils voulaient est que j’aille mieux 🙂

Photo by Soraya Hamdan

L’anxiété a donné un sens à ma vie

J’ai alors laissé tomber la médecine et décidé de dédier ma vie à la psychologie. Pour la première fois, j’ai commencé à voir mon anxiété comme une force et non une faiblesse.

Elle m’a donné une passion, un sens de l’organisation et même un sens à ma vie. Je ne veux pas dire que mon anxiété m’a donnée une identité mais elle m’a aidée à me comprendre. Grâce à elle, j’ai su ce que je voulais faire : changer le système de santé mentale au Liban et au Moyen Orient grâce à la thérapie par la danse.

Si je pouvais parler à la personne que j’étais à l’âge de 15 ans je me dirais : s’il te plaît, n’écoute personne, suis ta passion et tes rêves car un jour tu vas faire quelque chose d’extraordinaire ! Je me dirais qu’il y a une solution, qu’il y a une lumière au bout du tunnel!