Avec la Thawra, vous avez sûrement dû comme nous à L&F, ressentir tout un tas de sentiments contradictoires : de l’espoir, l’exaltation, à la peur, l’angoisse, la frustration ou même l’épuisement ?
C’est normal 🙂 Et la bonne nouvelle c’est qu’il y a pas mal de petites choses qu’on peut faire pour mieux vivre ces moments d’incertitude.

L’environnement qu’il soit politique, social, économique ou les trois à la fois joue un rôle sur notre santé mentale et notre bien-être général. Si vous êtes comme nous à L&F vous avez sûrement dû ressentir pas mal de sentiments positifs au début de la révolte : espoir, sentiment d’appartenance, de cohésion sociale, d’unité. Pour la première fois le sentiment d’avoir la possibilité d’agir au lieu de subir, peut-être même de changer la situation. Une des thérapeutes qu’on a interrogé nous a même confié avoir remarqué que ces patients allaient mieux au début de la Révolte. Au début…

Car une révolte/révolution, ça prend du temps, et ça peut être dur de rester motivé et en forme. Si vous êtes comme nous, à côté voire parfois en même temps que vos sentiments d’espoir et d’exaltation, vous avez aussi dû ressentir un découragement parfois, de la fatigue, de l’anxiété, la peur, l’épuisement même? 

Heureusement il y a des solutions pour faire face à tout cela. En gros il s’agit de réussir à intégrer la thawra dans votre nouvelle routine. Voici 8 manières d’y parvenir 🙂

1- Avoir conscience de la “guerre psychologique” du pouvoir contre l’opinion publique 

Les psychologue/psychiatre qu’on a interviewés soulignent le fait que les partis politiques traditionnels et les médias qui leur sont affiliés  jouent justement sur nos peurs : peurs de l’inconnu, du vide, de la guerre civile, du désastre économique, pour décourager les manifestants. En avoir conscience peut déjà aider à rester plus fort mentalement quand on entend ces messages.

2- Bien s’informer

Pour contrer toutes ces peurs, une chose qui peut aider c’est de s’informer, mais BIEN s’informer. Les psys qu’on a interrogés nous ont dit que les personnes qui restaient chez elles derrière leurs écrans avaient plus de symptômes d’anxiété et de dépression que d’autres, car elles ne savent pas vraiment ce qui se passe sur place. Elles ne voient que ce que les médias traditionnels veulent bien montrer.
Pour ne pas céder à la panique, surtout qu’en ce moment, les rumeurs en tous genres, théories, peurs inondent les réseaux sociaux, télés…suivez uniquement des personnes de confiance sur les réseaux sociaux, cherchez à vous informer autrement qu’en écoutant les news traditionnelles, comme par exemple en allant voir de vos propres yeux ce qui se passe sur le terrain. 

3- Descendre aux manifs

En descendant aux manifs, vous allez justement pouvoir participer aux nombreux débats publics, conférences, talks qui s’y tiennent et du coup vous pourrez mieux comprendre les alternatives qui s’offrent à vous 🙂 Essayez aussi de développer quelques connaissances juridiques, économiques et politiques.
Daleel el Thawra publie un calendrier quotidien des événements qui se déroulent autour de chez vous.

4- Reconnaître ses peurs et sentiments négatifs

C’est normal d’avoir peur, c’est normal d’être fatigué énervé, déçu. En général ces sentiments négatifs sont là pour vous dire quelque chose, pour vous donner des indices que quelques chose vous dérange. Essayez de ne pas nier ces émotions négatives, de les nommer même, de comprendre d’où viennent ces peurs, d’en parler et de voir comment vous pouvez soulager tout ça.

5- Trouver du réconfort auprès de ses proches

Il est hyper important de rester bien entouré en ces temps de thawra : continuez à voir vos amis, les personnes avec qui vous vous sentez suffisamment à l’aise pour partager vos insécurités, vos peurs en toute liberté. Et pas forcément seulement au sujet de la thawra, les autres parties de votre vie comptent aussi : vous avez le droit de parler de vos peines de coeur, angoisses au travail…

6- Se créer une nouvelle routine

Avec la thawra, votre routine a sûrement dû être bouleversée et ça peut être déstabilisant même si on ne s’en rend pas compte tout de suite. Essayez de recréer une routine qui inclut à la fois les choses que vous faisiez avant la Révolte et qui vous faisaient du bien (ça peut être boire un café avec votre ami le matin, aller au sport, jouer de la musique..) avec les manifs. 

7-Garder en tête que la Thawra est un processus très long

Le changement, c’est dur et ça ne vient pas du jour au lendemain. Gardez cela en tête pour ne pas vous décourager si vous ne voyez pas de résultats rapidement. Vous allez passer par des phases d’exaltation et par d’autres phases de fatigue et de déception, c’est normal, ça fait partie du changement 🙂


8- Prendre du recul quand c’est nécessaire

Vous n’êtes pas obligés de descendre tous les jours aux manifs. Prenez du recul, du temps pour vous avant d’être au bout du rouleau. Faites-vous plaisir, reposez-vous, n’hésitez pas à déconnecter  de tous vos réseaux sociaux (y compris et surtout Whatsapp) un jour ou deux.

Sources

Hala Kerbage, psychiatre, USJ
Olivia Shabb, psychologue