“La vie à Beyrouth est si dure! J’ai travaillé des années sans jamais pouvoir acheter une maison.

Alors quand j’ai eu une opportunité de travail à Jezzine en 2017, j’ai dit oui. Je me suis dis que je pourrai vivre dans la maison familiale à Bkassine (à côté de Jezzine), et que peut-être je pourrai faire des économies et avoir une chance de me construire un futur?

Je finissais tôt le boulot, vers 14 heures, et je me suis très vite rendu compte qu’il n’y avait absolument rien à faire dans mon village ! Je m’ennuyais énormément au point que je passais mes après-midi à dormir

Alors en octobre, j’ai réfléchi à une activité qui pourrait occuper mes après-midi.  Il y a une tradition à Bkassine: chaque maison distille son propre arak. Ca m’intéressait, mais je voulais faire quelque chose de nouveau, créer une nouvelle tradition. Je savais que c’était la tendance des bières locales au Liban, alors j’ai eu envie de fabriquer ma propre bière à partir des pommes de mon village. J’ai commandé un kit de fabrication en ligne et commencé à produire ma propre bière. Je ne peux pas vous décrire le sentiment que j’ai eu quand j’ai produit mon premier batch ! J’étais comme un enfant, tout excité. J’ai continué, j’ai inventé des recettes jusqu’à produire 9 bières artisanales différentes 🙂

Le tournant a été mai 2018, quand les jeunes du village sont rentrés pour les vacances.

Je suis allé à la place du village et j’ai commencé à leur parler et faire tester mes bières. Ils ont adoré, pas juste le goût mais le concept : le fait de créer quelque chose d’ici et de donner de la vie à la région. Ils ont voulu m’aider gratuitement ! 45 jeunes ont travaillé avec moi durant leurs vacances. Ils étaient contents, ça leur donnait quelque chose à faire.

Ils me demandaient toujours pourquoi je ne produisais pas plus; je leur répondais qu’il fallait pour cela acheter une machine à fermentation et que je ne pouvais pas me le permettre. Alors ils m’ont fait la surprise, chacun a pris de son argent de poche pour m’offrir la machine. On a participé au Bkassine Festival en septembre dernier et on a vendu 700 bouteilles!

Cette année nous irons au Festival de Araya et celui de l’hippodrome, le Beirut Beer Festival, pour faire connaître notre marque et vendre le plus possible. Je veux me constituer un petit capital pour ensuite développer mon business et travailler sur la distribution de mes bières dans les bars et restaurants libanais.

J’ai appelé la marque Peers Urban Brewing; ça veut dire “Camarades”, ce qui me manquait tellement dans mon village.

Aujourd’hui je veux dire aux jeunes de ne pas avoir peur d’aller créer les opportunités qu’ils veulent là où ils veulent. Même si j’avoue ne pas voir mon futur à Bkassine, tant qu’il n’y a pas plus de vie là-bas, avoir créé cette marque avec ces jeunes m’a permis de découvrir ma passion et me découvrir aussi. “

Antoine Fares, 34 ans, est fondateur de Peers Urban Brewing . Il est diplômé en biochimie de l’Université libanaise et a travaillé chez Sesobel et Wadi al Akhdar avant de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale.

#GSC Ce post est sponsorisé par Peers Urban Brewing