Laurène Hanna, 22 ans, Franco-Libanaise, est double finaliste du Championnat international de débat francophone organisé par l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Université Saint-Joseph. Cette semaine, elle  participe au championnat pour la troisième année consécutive dans le but d’enfin décrocher le premier prix. Voici son histoire.

Ce post est sponsorisé par l’Agence Universitaire de la Francophonie

“ Lors d’un conseil de classe en première, un de mes professeurs m’a demandé ce que je voulais faire plus tard. J’ai répondu avocate pénaliste.

Tout le monde a éclaté de rire. Les professeurs se demandaient comment moi, cette élève si “peu rigoureuse” en classe, pouvait espérer faire du droit. Ça m’a fait très mal, car devenir avocate pénaliste, c’est mon rêve depuis que j’ai 13 ans.

Il faut dire que plus jeune, je n’étais pas vraiment ce qu’on pouvait appeler une élève “scolaire”.

Sur mes bulletins on me mettait que je manquais de “vocabulaire”. J’ai souvent senti que je n’arrivais pas à exprimer ce qui était important pour moi.

Je n’étais pas non plus l’élève qu’on attendait de moi : celle qui avait de bonnes notes, qui était disciplinée…Chaque trimestre de la sixième à la terminale, mes professeurs voulaient me faire redoubler. Mais au dernier moment je me débrouillais toujours pour travailler dur et faire remonter drastiquement ma moyenne, car il était hors de question que je ne passe pas.

Jusqu’à ce fameux conseil de classe en première. Les professeurs m’ont dit : “ Cette fois-ci tu vas redoubler !” et j’ai éclaté en sanglots. Mes parents et moi avons alors demandé un rendez-vous avec le professeur principal.

Là pour la première fois de ma vie, j’ai réussi à m’exprimer.  J’ai défendu mon point de vue. C’est comme ça que j’ai découvert que je pouvais être éloquente. J’ai senti que j’avais réussi à toucher mon professeur. Je me suis sentie écoutée.

Il a décidé de me laisser passer en terminale à condition que je n’aie pas de points à rattraper à l’épreuve de français. J’en ai finalement eu vingt d’avance. 🙂


Après cela, j’ai fondé une association d’éloquence dans la ville d’Evry d’où je viens. Je prépare aujourd’hui le concours pour entrer à l’école des avocats et je suis vice-présidente de l’Association Débattre en Sorbonne en charge d’art oratoire.

C’est dans ce cadre que j’ai entendu parler du Championnat international de débat francophone qui se tient à l’USJ avec l’Agence Universitaire de la Francophonie. J’ai été présélectionnée à nouveau cette année après avoir été deux fois finaliste. Mais cette fois-ci si j’arrive en finale, il faut que je me concentre, je veux gagner et je continuerai à participer tant que je ne serai pas avocate.

Car pour moi, remporter ce concours c’est un pas vers mon rêve ultime de devenir pénaliste. C’est mon rêve depuis toujours. Ma mère est avocate. J’ai fait un stage chez elle plus jeune, où j’allais tous les jours au tribunal. C’est là que j’ai su ce que je voulais faire. Je voyais ces gens sur le banc des accusés et je voulais les défendre. Tous !

Car j’ai toujours été convaincue que chaque personne est belle peu importe ce qu’elle a fait. Il y a tous en nous quelque chose de défendable.

J’en ai toujours été persuadée et ça s’est confirmé au cours des rencontres que j’ai pu faire. J’ai grandi en banlieue parisienne et au premier regard, il y a beaucoup de jeunes qui y vivent qui peuvent faire peur. Mais quand on apprend à les connaître et qu’on creuse un peu, on se rend compte à quel point ces gens sont beaux.

Quand j’avais 14 ans par exemple, j’ai rencontré un garçon accusé de viol. Comme je voulais devenir avocate pénaliste, j’ai voulu faire sa connaissance et apprendre à le connaître. Cette rencontre m’a bouleversée ! J’ai découvert quelqu’un de purement gentil. Je ne sais pas s’il a violé cette fille, je suis pratiquement certaine que non. Mais j’ai envie de dire peu importe. La vision et l’amitié que j’ai pour lui sont indépendantes de son acte. Car ce qui m’intéresse c’est de connaître la personne qui existe au-delà de ce qu’elle a fait.

Dans l’éloquence, il y a les mots et il y a la manière dont on transmet ces mots. Et souvent chez les mauvais orateurs, il y a un décalage entre ces deux notions. Le bon orateur est celui qui saura transmettre un message en harmonisant ses mots et la manière dont il parle, c’est celui qui sera authentique, vrai. C’est celui qui se met à nu devant le public.”

Laurène Hanna a 22 ans, elle est étudiante en Master Carrières Judiciaires à Paris Saclay en France. Elle est double finaliste du Championnat international de débat francophone organisé par l’Agence Universitaire de la Francophonie et l’Université Saint Joseph.

Elle participe à la nouvelle édition du championnat qui se tient jusqu’au 15 mars à Beyrouth. Une centaine d’orateurs venus de 13 pays s’affrontent cette semaine à l’USJ en débattant quatre contre quatre de différents sujets devant un jury et un public.

Sur cette centaine de candidats, huit iront en finale ce vendredi à la bibliothèque nationale à Sanayeh, mais il n’y aura qu’un seul vainqueur, celui qui saura débattre avec le plus d’éloquence.