Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi Karantina s’appelait ainsi ?
Et oui, le quartier tient son nom de la construction d’un établissement quarantaine par les Egyptiens au 19ème siècle. Les voyageurs y étaient isolés pour éviter de répandre des infections qui faisaient rage à l’époque .
Ironie de l’histoire, la construction du lazaret marque les prémices du développement de Beyrouth comme vitrine du Levant.

Voici comment la Karantina a changé la donne.

Au début du 19ème siècle, le moins qu’on puisse dire c’est que le système de santé dans la région n’était pas au top. Plusieurs maladies faisaient rage (peste, choléra, tuberculose..) et se propageaient rapidement via les voyageurs, notamment les pèlerins qui allaient à la Mecque,  ou via  les commerçants et leurs marchandises qui transitaient par le port de Beyrouth. 

A l’époque, le territoire est sous domination égyptienne, sous l’égide d’Ibrahim Pacha. Ce dernier décide en 1834 de construire un lazaret : un établissement où les voyageurs sont soumis à un contrôle sanitaire et isolés pour éviter la propagation de  maladies contagieuses. Pacha choisit Beyrouth pour l’édifice du lazaret.

A l’époque le choix n’était pas évident car la ville était pratiquement insignifiante, beaucoup plus petite que Tripoli ou Saïda. Mais Pacha mise tout de même sur l’ouverture de la ville pour développer le commerce et permettre aux navires à vapeur d’accoster dans la région en toute sécurité. Tous les voyageurs  qui descendait des bateaux devaient passer entre 14 et 40 jours  dans le lazaret, selon les épidémies. 

La construction du lazaret a clairement permis à Beyrouth de prendre son envol et de devenir la vitrine du Levant, selon l’historienne Dima De Clerck,  qu’on a interrogée pour cette article.
Il lui permet en effet de devenir un des endroits les mieux préservés des épidémies. La soie du Mont Liban et les produits de Damas s’exportent du port de Beyrouth vers l’Europe.  De nombreux consulats décident de s’installer à Beyrouth, les missionnaires arrivent et construisent des écoles…

Ensuite au 20ème siècle, le quartier de la Quarantaine devient le point de chute des réfugiés de la région:  arméniens, chrétiens, palestiniens..Dans les années 60-70, il devient aussi un foyer de résistance politique et militaire pour l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). 

Le lazaret a malheureusement disparu pendant la guerre civile, rasée les milices chrétiennes dès janvier 1976 lors du tristement célèbre massacre de la Quarantaine. 

Sources :

-Dima de Clerck, historienne
https://www.lesclesdumoyenorient.com/Le-Liban-face-a-la-quarantaine-et-au-confinement-entre-perspective-historique.html?fbclid=IwAR1bDwHpK24feLLbkkuDPiiOOVMO42gNTAIZwuUmGgHdeceEG5DhU-2nXkQ