“En 2006, je venais d’avoir mon premier enfant. Mon mari commençait à s’ennuyer dans son emploi “corporate”. On s’est rencontré dans le milieu professionnel à Paris. Tous les deux  partagions une soif d’aventure, de succès et de travail ! Alors quand il m’a dit qu’il avait envie de nouveaux horizons, je me suis dis pourquoi pas : on est encore super jeunes, on a toute la vie devant nous. On a alors pensé au monde entier, le Brésil, New York…Et finalement on s’est dit, pourquoi pas Beyrouth ? Après tout je suis libanais même si j’avais vécu toute ma vie ailleurs ! On y avait déjà fondé une petite entreprise de quatre-cinq salariés qui s’appelait Pixel Veggie. On faisait du web, design et développement de contenu pour des entreprises européennes. Le Liban a toujours été important pour moi bien qu’à l’époque j’avais vécu toute ma vie à l’étranger. Mon mari aussi adorait le pays bien qu’il soit Français. On s’y était marié, et en 2006 on voulait vraiment contribuer au bouillonnement économique du pays. On ne savait faire ni politique ni humanitaire, notre manière de contribuer c’était la création digitale et la création d’emploi. Alors on s’est dit : et si on profitait de cette petite entreprise qu’on avait fondée depuis Paris pour tenter une nouvelle aventure au Liban et faire grandir le projet ? 

On a alors débarqué à Beyrouth en 2008. Je voulais continuer à faire ce que je faisais en France car cela me plaisait énormément : la création de contenu numérique  Surtout qu’en arrivant, je me suis aperçue qu’il n’existait pratiquement rien dans le domaine et encore moins en langue arabe. Au tout début, on a voulu se concentrer sur le Liban, mais au bout de trois mois à peine on a compris qu’on ne pourrait pas faire d’argent ici et on a commencé a exploré les marchés arabes. Et là on a remarqué un vrai manque dans les pays du Golfe en terme de contenu pour les femmes. La culture était différente : les femmes subissaient beaucoup de tabous sur plein de sujets et manquaient d’information sur des sujets de santé. C’est comme cela qu’on a démarré Diwanee, avec pour mission de faire du contenu léger, éducatif et informatif dans une région où politique, religion et géopolitique sont très présents. Une des premières marques média qu’on a lancé était 3a2ilati (“ma famille” en arabe) où on donnait gratuitement accès à notre audience de femmes à des conversations avec des médecins sur des sujets sensibles.

Un an après notre installation à Beyrouth, j’accouchais de mon deuxième enfant, j’avais changé de pays, de travail et créé une boîte en moins d’un an ! Mais quand je repense à ces moments c’est avec nostalgie et je me rends compte que ce n’était vraiment pas le plus dur. En réalité, lancer une boite c’est facile, le défi c’est de réussir à  la faire grandir. Et je peux vous dire qu’on  a eu des moments difficiles : des moments où on a dû licencier, des moments avant les levées de fonds où la situation était vraiment délicate. Ce qui me faisait tenir c’est la passion pour le numérique, pour le travail et  le fait qu’il faille sans cesse se renouveler. En réalité l’aventure n’est jamais finie 🙂 

En 2014, le groupe français Webedia a repris 50 % de l’entreprise, et il y a un an on a fusionné avec le saoudien You Turn pour devenir Webedia Arabia. On compte aujourd’hui 250 employés dans 5 villes.  Nous avons créé 5 marques médias : Yasmina, Atyab Tabkha, 3a2ilati, Rajil, Warrini et avons une audience de 10.2 millions de visiteurs uniques. 

Ce qui me rend le plus fière c’est d’avoir pu créer des emplois au Liban dans mon pays et d’être toujours là aujourd’hui surtout dans cette situation économique si fragile. Je suis fière que mes collaborateurs puissent encore être  à nos côtés, payés grâce à nos clients qui viennent de la région. Et pour le coup aujourd’hui, mon mari et moi avons eu notre dose d’aventure, d’ailleurs un tout petit peu moins ce ne serait pas de refus :)” 

Delphine Eddé est la co-fondatrice de Diwanee, qui aujourd’hui fait partie de Webedia Arabia, un groupe de presse visant le monde arabe. C’est une des premières entreprises à avoir rejoint la communauté BDD (Beirut Digital District) en 2015. « Avec BDD, nous partageons les mêmes valeurs de promotion de l’innovation et du numérique. Et on adore faire partie de l’ecosystème entrepreneurial!  »

#GSC Cet article est sponsorisé par BDD