Vous avez sûrement entendu parler d’une pratique qui fait pas mal de polémique : le mariage “temporaire » ou « de jouissance” (Zawâj al mut’a en arabe). Lana en parlait la semaine dernière dans son portrait

Il concerne une partie des chiites et en gros permet un mariage (donc des relations sexuelles) durant une période de temps bien définie (une heure comme la vie). Il peut se faire à l’oral, sans témoin, et le mari n’est pas obligé de subvenir aux besoins de la femme ni de vivre avec elle. Il doit quand même payer une dot,  mais pareil, elle est définie par les époux à l’oral et elle est hyper flexible. Elle peut être d’un centime comme de plusieurs millions 🙂 

Historiquement, le mariage temporaire permettait aux hommes qui voyageaient longtemps d’avoir une femme sur une période limitée de temps.

Il a été inventé avant même la naissance de l’Islam.  Il était d’usage au temps du prophète Muhammad, avant d’être aboli par le calife Umar (634-644), reconnu 3e successeur à la mort du prophète par les sunnites mais pas par les chiites . Umar considérait le mariage temporaire comme une forme de prostitution. La prise de pouvoir de Umar, ennemi des chiites, incita ces derniers à garder cette forme de mariage . Pour les chiites, ce mariage avait été autorisé par le prophète et ne pouvait donc pas être aboli de manière arbitraire. 

Aujourd’hui, ce type de mariage suscite beaucoup de polémiques au Liban et dans le monde. Bien qu’il soit autorisé par la branche duodécimale des chiites (90% d’entre eux), le reste des Chiites et les Sunnites le rejettent.

Il est toujours utilisé par certains croyants (impossible de savoir combien) qui l’utilisent pour pouvoir avoir des relations sexuelles sans qu’elles soient  “haram”. C’est pourquoi on l’appelle “mariage de jouissance”. 

Cet article fait partie de notre enquête sur la sexualité des Libanais, #LFonsexuality

Sources

-Chebel, Malek. « Sexualité, pouvoir et problématique du sujet en islam » Confluences Méditerranée, vol.41,no.2,2002,pp.47-63.
-Lamchichi, Abderrahim, «  Eros et sacré. Sociétés, religion et éthique sexuelle » ,  Confluences Méditerranée, vol. 41, no, 2, 2002,pp9-2
– «  La gravité des relations hors mariage ou la fornication en islam » , Ajib.fr, 17 janvier 2017
Mervin Sabrina, « Normes relgieuse et loi du silence : le mariage temporaire chez les chiites du Liban », p47-58, presse de l’IFPO
-BBC

Reportage et écriture: Morgan Hamdan et Soraya Hamdan
llustration: Eva Besse/ photo de Annie Spratt /Unsplash
Edition: MJ Daoud